Alex Glanzmann sur un champ (à gauche sans parapluie / à droite avec parapluie) (© Simon Habegger)

«J’ai la vision d’une Poste dont on ne peut pas se passer, même dans une Suisse où le numérique prédominera.» Entretien avec Alex Glanzmann
Alex Glanzmann, directeur général par intérim, considère que, pour garder toute son importance en tant qu’entreprise, une institution comme la Poste doit s’adapter aux nouveaux besoins de la clientèle.
Alex, tu as participé à l’élaboration de la stratégie Poste de demain. La nouvelle période stratégique quadriennale a débuté en 2025. Qu’est-ce que cela signifie concrètement?
Nous poursuivons résolument la mise en œuvre de notre stratégie Poste de demain, dont le lancement en 2021 a signé le début de la transformation de la Poste. Le système Poste subissait alors une forte pression: avec l’effondrement de pilliers importants pour notre réussite, notamment le volume des lettres et les opérations au guichet, il nous fallait proposer des offres inédites répondant à la transformation numérique et aux nouveaux besoins de la clientèle. Ce défi n’a d’ailleurs pas disparu. C’est pourquoi nous avons réorienté notre activité clé en tenant compte de ces changements. Nous poursuivons désormais le développement de nos prestations et nous nous recentrons encore plus sur les besoins réels de nos clients, en particulier les PME, en ayant toujours pour objectif de rester importants pour toutes et tous en Suisse − aujourd’hui et après 2030.
S’agit-il donc d’une stratégie axée sur l’économie de marché?
Oui, inévitablement. Nous réalisons 88% de notre bénéfice sur le marché libre et versons chaque année à notre propriétaire un dividende dont le dernier s’est élevé à 100 millions de francs. Nous sommes également investis d’un mandat de service universel dont nous nous acquittons avec engagement et fierté, pour la Suisse. Et ce, par nos propres moyens, donc, sans recourir aux fonds publics. Nous attachons beaucoup d’importance à cette indépendance financière qui n’est pas une mince affaire compte tenu des évolutions du marché. Nous voulons continuer à financer le service public, nos innovations et nos investissements par nos propres moyens.
Tu as évoqué l’attention portée aux PME. Qu’entreprend la Poste pour la réussite économique de sa clientèle?
Nous connaissons parfaite-ment nos clients commerciaux. Nous comprenons leurs activités, nous collaborons étroitement avec eux, en toute transparence et fiabilité, ce qui nous permet de développer des offres spécialement adaptées à leurs besoins, d’ajuster nos capacités ou d’optimiser nos processus internes. Nos clientes et nos clients peuvent se consacrer à leur cœur de métier, car nous simplifions leur quotidien en leur fournissant les prestations logistiques adaptées. Nous voulons encore accentuer cet effet dans le segment des PME.
Nos clientes et nos clients peuvent se consacrer à leur cœur de métier, car nous simplifions leur quotidien en leur fournissant les prestations logistiques adaptées.
Alex Glanzmann, directeur général par intérim

Aujourd’hui déjà, les PME peuvent solliciter toute une gamme de services marketing. Est-il prévu d’étoffer ceux-ci?
Nous avons à la fois les canaux et l’expertise pour proposer à notre clientèle une offre très variée, qu’il s’agisse de solutions publicitaires sur mesure, du secteur du commerce numérique ou de la transformation numérique de leurs activités. Notre objectif est de générer de la valeur ajoutée. Plus nous affinerons notre connaissance de la clientèle, plus nous serons à même d’améliorer ces offres.
La Poste a réalisé d’importants investissements ces dernières années. Dans quel but?
Nous avons investi principalement dans notre activité de base: le transport fiable de marchandises, d’informations et de personnes. Pour cela, nous avons travaillé sur nos processus et sur notre culture, tout en faisant appel, de manière ciblée, à des compétences externes, notamment dans la logistique de la santé et la cybersécurité. Pour la Poste, il ne s’agit pas de s’agrandir en tant qu’entreprise, mais de rééquilibrer son système. Nous entendons financer le service universel par nos propres moyens en visant une croissance ciblée. De plus, nous veillons à pouvoir continuer d’investir dans l’infrastructure de notre pays. C’est ce que doit garantir notre stratégie.
Projetons-nous dans l’avenir: comment imagines-tu la Poste après 2030?
J’ai la vision d’une Poste dont on ne peut pas se passer, même dans une Suisse où le numérique prédominera. Une entreprise moderne et innovante qui est proche de sa clientèle et qui propose des prestations en phase avec son temps. Des prestations qui répondent à un besoin réel et que, en tant que client, je peux utiliser comme bon me semble: par voie numérique ou physique, indépendamment de l’heure et du lieu.
Portrait
Alex Glanzmann est actuellement directeur général par intérim de la Poste. Entré à la Poste en 2005, il a occupé différentes fonctions de direction à PostLogistics, dont celles de gestionnaire de portefeuille de projets, de responsable Projets stratégiques et controlling commercial et de responsable de la zone de distribution Centre. Il est membre de la Direction du groupe depuis 2016 en sa qualité de responsable Finances et s’est fixé pour objectif d’assurer l’indépendance financière de la Poste à long terme tout en préservant l’agilité et la compétitivité de l’entreprise à l’aide des innovations.